Nos racines

Un prieuré du 10ème siècle refleurit



Quand, vers 1968, des sœurs et frères bénédictins construisent leur monastère sur le versant inculte de la colline, là où au 10 ème des moines de l’Abbaye Saint Victor de Marseille avaient fondé un prieuré, la présence monastique reprend vie en ce coin de Provence. La semence jetée en terre par leurs frères moines va porter à nouveau des fruits de paix, de gratuité, de beauté.




Témoignage du peintre Arcabas après une visite à l’Abbaye

 « Convié par l’abbaye de Sainte-Lioba, je me suis rendu à cette invitation, piqué par une curiosité légitime pour le rare, le singulier, l’inédit. Je n’ai pas été déçu. Le lieu m’a inspiré un sentiment de grâce, attribué d’abord au climat «velouté» de la Provence. Il y avait pourtant autre chose dans ce silence rayonnant d’une joyeuse fertilité. Certes, le travail domestique s’y fait, comme ailleurs, mais on le croyait chanté dans une louange permanente, rythmé par le tintement de la cloche des offices. Progressivement se révèle le vœu d’un face à face avec Dieu. La prière qui semble flotter dans l’atmosphère se cristallise dans les ateliers, où la recherche de la beauté «POUR LUI» est l’unique préoccupation et engendre sculptures, vitraux, batiks, tissages somptueux et autres merveilles. J’ai été ébloui … »


Hildegard Michaelis, fondatrice de l’Abbaye

La Règle de vie de Saint Benoît a fait naître de nombreuses familles monastiques dont la famille bénédictine de Sainte Lioba, fondée par Hildegard Michaelis et qui aujourd’hui fait partie de la Congrégation Bénédictine Européenne de la Résurrection.

Née en 1900 à Erfurt, élève de l’école des beaux-arts à Hamburg, convertie à la foi catholique à l’âge de 28 ans Hildegard Michaelis fonde en 1935 un premier monastère en Hollande. Le nom du monastère Sainte Lioba, nom qui signifie bonté, amour, rappellera toujours à la communauté que la parole de Jésus : « c’est à l’amour que vous avez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples » doit être le cœur de sa vie. En 1966 elle envoie quelques membres en France pour faire des études des Beaux-arts et de lettres « en vue de pouvoir participer dans l’avenir à la recherche de la prière de l’homme d’aujourd’hui ». C’est près des ruines d’un ancien prieuré de moines qu’elle décide de faire une fondation, et elle envoie une sœur et un frère à Marseille faire des études d’architecture. Il va falloir bâtir deux monastères car Dieu lui a donné de former une famille monastique de sœurs et frères où selon Saint Benoît on cherche Dieu.

Les deux communautés vont vivre grâce au travail artisanal : de sculpture, de vitraux, de céramique, de batik et bien sûr de tissage de chasubles. Le désir de Hildegard Michaelis étant de permettre à chacun, dans la mesure de ses dons et talents, de faire des belles choses et de grandir ainsi humainement. Il faut trouver un équilibre entre rigueur et souplesse, entre l’épanouissement des différents caractères et talents et l’acceptation de les mettre au service de la communauté, entre donner tout ce qu’on a jusqu’à se donner soi-même, à la suite de Jésus, et porter des fruits pour l’Eglise en tant que communauté.

         Témoignage de Dom André Louf sur Hildegard Michaelis

« Elle unissait harmonieusement contemplation artistique et contemplation de Dieu…Entre ces deux recherches, il n’y a jamais eu de dissonance chez elle. Elles iront la main dans la main, tout au long d’une vie exceptionnellement féconde. »  (« Cherche Dieu et ton cœur revivra » Hildegard Michaelis . p 6 )

Ce livre « Cherche Dieu et ton cœur revivra », comme aussi un DVD  sur Hildegard Michaelis peut être commandé à l’Abbaye.


Vivre a l’écoute de nos racines juives

La prière monastique est composée de psaumes, prières du peuple de la première alliance, prières de Jésus. Ces prières qui ont traversées les siècles, sont des dialogues d’amour entre le Créateur et sa créature, entre Dieu et son peuple, qui nous apprennent un cœur à cœur avec Dieu dans toutes les circonstances de notre vie. 

Ces prières, ainsi que les textes des évangiles nous rendent conscients de l’unité entre la première et la deuxième alliance ; les études bibliques, l’étude de l’hébreu, ainsi que la tradition juive et sa liturgie marquent la liturgie et la réflexion de la communauté.

Le témoignage du Rabbin Philippe Haddad traduit bien l’importance que la relation entre juifs et chrétiens signifie pour notre vie monastique :

« Un dicton affirme « quand on aime on ne compte pas ». Je ne sais plus depuis combien d’années je viens à Sainte Lioba, je ne compte plus. Mais ce qui ne se compte pas peut se conter. J’aime cette communauté pour son accueil, son hospitalité, son ouverture d’esprit, son sourire. Tout se vit en amabilité, en attentions profondes, en écoute mutuelle, dans un cadre béni de Dieu. Chaque année je propose une méditation sur un thème biblique de foi que je puise autant dans le Tanakh que dans les enseignements de Jésus. Pour la tradition juive l’étude de la Torah (la parole de Dieu) constitue l’un des piliers du monde. En étudiant nous dialoguons avec l’Eternel, avec Jésus ; nous nourrissons notre âme pour combler sa faim et sa soif. Mais l’étude a besoin de la prière, le deuxième pilier du monde. Durant la téfila, nous adressons nos paroles, nous tournons notre cœur vers notre Père qui est cieux, pour Le louer et Le remercier pour tout. Nous prions en français, nous prions en hébreu. Cette douce expérience telle une caresse divine porte cette espérance d’un monde pacifié, royaume de Dieu sur terre. Finalement ce moment de partage compte vraiment ! Alleluia. » 


 L’Union des communautés contemplatives autour de la méditerranée 

Notre communauté appartient à « l’Union des communautés contemplatives autour de la méditerranée » (les Carmélites de Tanger en Maroc ; les Clarisses d’Alexandrie en Egypte ; les Augustines de Pennabili en Italie, les Clarisses de Jérusalem en Israël, l’Annonciation de Ramallah en Palestine, les Maronites au Liban, les Clarisses de Scutari en Albanie, les Carmélites d’Alep) qui prie et œuvre pour la paix, la fraternité, l’unité.


Nous nous soutenons par notre prière, par des liens de fraternité et chacun de nos monastères s’engage à réfléchir et à dialoguer communautairement sur une piste de réflexion, concernant la situation actuelle de la Méditerranée, aujourd’hui carrefour des tensions les plus graves de la planète.



Une communauté ouverte aux autres églises chrétiennes et au dialogue interreligieux.

Le dialogue d’une communauté monastique est pour nous moins une participation à des discussions, à des débats théologiques ou à des actions qu’un partage de notre prière avec d’autres, une rencontre au niveau de la prière vécue ensemble. Pour nous le vrai dialogue se situe au niveau du cœur là où Dieu nous habite, là où nous rencontrons l’autre au-delà des mots, dans le mystère de l’amour de Dieu, là où nous sommes déjà des frères et des sœurs, tous créés à l’image de notre Créateur.
Nos relations avec les églises protestantes, pour lesquelles nous sommes très reconnaissantes, nous ont donné l’expérience que se comprendre les uns les autres n’est possible que dans la durée, dans une ouverture envers la tradition de l’autre. L’amitié, la fraternité ont besoin du temps, se construisent avec patience et fidélité au fur et à mesure des rencontres marquées par une confiance qui s’agrandit.



Une visite du monastère :